Hawai : Le volcan Kilauea ou, le jour où j'ai réalisé mon rêve j'ai cru mourir !

lave cordée du volcan Kilauea à Hawaï



J’ai depuis toujours été fascinée par les volcans et j’ai sans arrêt cherché à m’en rapprocher par tous les moyens. J’ai eu à maintes reprises l’occasion d’être au plus près de volcans actifs que ce soit au Japon, en Indonésie, en Italie, sur l’île de la Réunion… Mais jamais encore, je n’avais eu la chance d’être au cœur d’un « volcan rouge ». Je voulais voir la lave, la voir couler et jaillir, ressentir cette immense émotion que l’on peut avoir face aux forces telluriques !


C’est donc tout naturellement que pour mon anniversaire, je me suis payée un voyage à Hawaï afin de voir le Kilauea, l’un des volcans le plus actif au monde mais aussi l’un des plus accessibles.

Le Kilauea est situé sur l'île de Big Island dans le parc national des volcans. Il est hautement surveillé et étudié à cause de ses coulées de lave permanentes.

Le nom "Kilauea" signifie « crachant », « vomissant » en référence à ses éruptions volcaniques et ses coulées de lave fluide. Le volcan Kilauea est un lieu essentiel dans la mythologie hawaiienne; il est considéré par beaucoup comme la maison de Pélé, la déesse du feu et des volcans. D’ailleurs, si on ne veut pas s’attirer ses foudres, il vaut mieux éviter de ramasser des morceaux de lave sur son flanc et les ramener chez soi.

En préparant ce voyage, je ne me suis posée aucune question quant à l’activité du volcan. Dans ma tête, c’était évident, ce volcan « crachait son sang » en permanence.

C’est lorsque j’ai commencé à chercher un guide pour me conduire sur l’activité volcanique que je me suis rendue-compte que cette année là, la coulée de lave spectaculaire que l’on voyait sur tous les reportages avec cette chute flamboyante dans la mer n’existait plus !!!

Là, mon cœur s’est arrêté et ma tête a craqué !

J’avais pris les billets d’avion, payé les hébergements, la location de voiture. Je ne pouvais tout simplement pas annuler.

En fait, la coulée de lave était toujours existante mais inaccessible. Elle avait changé d’orientation et se dirigeait vers des propriétés privées.

Pendant, des jours et des jours, j’ai cherché, réfléchie, je me suis torturée pour savoir comment rejoindre cette coulée de lave.

Et puis un jour, le miracle ! Je tombe sur une agence qui propose d’emmener des petits groupes sur la coulée active en traversant sa propriété. Me voilà sauvée !

Le jour J, je suis toute existée à l’idée de réaliser enfin mon rêve. Dans quelques heures, j’y serai. Ma tête était ailleurs, je ne pensais plus à rien qu’à ma joie. Je n’ai même pas fait attention lorsque l’agence nous a fait signer une décharge, déclinant toute responsabilité en cas d’accident.

J’avais bien lu, sur Trip-advisor quelques commentaires sur cette agence, qui en auraient refroidi plus d’un. Mais sincèrement, je crois que lorsque l’on veut quelque chose très fort, on devient aveugle. Un peu comme en amour…

Nous voilà donc partis pour 1h00 de minibus qui nous emmène au cœur de la forêt tropicale.

Fraichement débarqués, notre pseudo-guide nous fait un topo, nous disant que nous allions marcher pendant 3h00 ou 4h00 à travers la jungle, que cela n’allait pas être simple car le sentier était très boueux, qu’il y avait des crevasses et que nous devrions traverser à 2 reprises des marécages. Ces dits marécages seraient les passages les plus délicats de la marche car on risquait de s’y enfoncer jusqu’en haut des cuisses. Il nous recommandait d’ailleurs de prendre un des bâtons qui étaient devant nous.

Bouh, même pas peur ! Je prends un bâton et c’est toute guillerette que je m’enfonce avec la troupe dans la jungle. Sur les premiers kilomètres tout se passe plutôt bien. C’est boueux mais ça va. Je ferme la marche avec mon ami, désireuse d’aller à mon rythme.

Arrive le premier marécage. C’est vrai que l’étendue d’eau à traverser est impressionnante. Je ne pensais pas que cela serait si large. Tout le monde s’élance ! Etant la dernière, je repère les endroits les plus faciles et somme toute, ça ne se passe pas si mal. On a de la boue jusqu’à mi-cuisses.

Durant la première moitié de la ballade, le pseudo-guide qui est en tête -même s’il ne semble pas trop s’inquiéter de savoir si tout le monde suit- marque des poses de temps à autre et nous aide à traverser les crevasses ou du moins, nous les indique.

De toute façon, on ne peut pas se perdre, il n’y a qu’un seule chemin mais cette traversée de la jungle est digne d’un film d’Indiana Jones ! On est dans un milieu hostile avec une végétation très dense. Il fait chaud. Il y a des moustiques. Et le chemin est un sentier ultra glissant taillé à la machette. Plusieurs d’entre nous, vont d’ailleurs se retrouver par terre. Moi, y compris !

traverser de la jungle à Hawaï pour aller sur le Kilauea

Arrive le deuxième marécage. L’étendue à traverser est 2 fois plus grande que la première. De ci de là, on voit bien quelques branches qui ont été mises pour faire une sorte de « tapis » sur lequel marcher. Mais de là, à penser que ce soit efficace…

Je vois mes camarades de tête qui s’élancent et le cauchemar commence. Autant la première fois, c’était drôle. Mais là, je les vois s’enfoncer dans la boue jusqu’aux hanches. C’est flippant !

A mon tour, je me jette littéralement dans la fange. J’avance péniblement et plus j’avance plus je m’enfonce. Je lutte contre cette boue dévoreuse, m’appuyant de toutes mes forces sur mon bâton. Mes jambes sont en plombs, mon corps est tendu comme un arc. Et tout d’un coup, c’est le point de non retour. Je ne peux plus bouger et je me sens happée petit à petit par la boue. Elle m’engloutie. J’en ai déjà jusqu’à la taille. Je sens que je m’enfonce inexorablement. Le groupe n’est plus visible. Je suis seule avec mon ami qui voit ma panique mais n’arrive pas à me sortir de là. C’est à ce moment, qu’on devient fataliste. Je vais mourir, dévorée par un trou fangeux. A Hawaï certes ! Mais au milieu de nul part et on ne retrouvera jamais mon corps. Mon corps… englouti par la boue… ENGLOUTIE par la boue ??!!!

Dans un dernier sursaut, je crie « HELP ! HELP !». Trois personnes à la traine m’entendent et viennent à ma rescousse. Mais eux non plus ne peuvent rien faire. En tentant de s’approcher de moi, ils s’enfoncent à leur tour.

C’est alors que mon ami, pris d’un coup de génie, me crie : « Penche-toi ! Met toi sur le côté ! ». Je m’exécute immédiatement et j’entends « Pop ! ». Ce bruit de ventouse à libéré mes pieds. Je peux enfin attraper le bâton salutaire et m’extirper de cette boue vorace ! Je suis sauvée !

Hawaï Boue sur le pantalon

Nous sommes au ¾ du trajet et le pseudo-guide qui n’attend personne, n’a même pas eu conscience du drame qui se jouait. Il est loin devant. Je comprends mieux, l’histoire de la décharge. Je remercie mes sauveurs et nous continuons la route.

Au fur et à mesure de notre avancée, nous commençons à voir les « hécatombes » de cette « promenade ». Les corps affaiblis et blessés de mes camarades de « randonnées » jonchent le parcours.

C’est là que, malgré ma mésaventure, je me glorifie d’avoir été en queue de peloton et d’avoir ainsi pu ménager mes forces.

Après 4h00 de marche, nous arrivons enfin à la lisière de la forêt. S’offre à nous le spectacle magnifique de la caldeira. Une étendue noire, brillant comme un miroir au soleil.

caldeira du Kilauea Hawaï

Le pseudo-guide, qui n’est en fait, qu’un ouvreur de chemin, nous remet des gants épais en croute de cuir. C’est pour nous protéger les mains des brulures et de la lave coupante comme un rasoir, en cas de chute. Les mains ?! Mais je suis en T-shirt ???!!!!

Avant d’aller à la rencontre de la lave, nous faisons une pause repas et « l’ouvreur de chemin » nous apprend alors que c’est seulement la troisième fois qu’il vient ici. 

D’où la décharge ! 

Il n’est pas vraiment guide, il n’a aucune formation en vulcanologie. C’est juste un étudiant qui fait un petit boulot.
D’où la décharge !

Je m’étonnais d’ailleurs, que nous ne soyons accompagnés que par une seule personne. En générale, dans les agences sérieuses et surtout pour ce genre de périple ultra dangereux, il y a au moins 2 guides professionnels (un qui ouvre la route et l’autre qui la ferme). Là non, on triballe les gens comme ça.
D’où la décharge !

Le repas fini, l’assaut est lancé. J’ai eu l’impression de voir un lâcher de poules dans un champ de vers.

L’ouvreur de chemin ne sachant pas trop où trouver la lave incandescente, part à toute allure à sa recherche, suivie par la horde de poules.

A l'assaut du Kilauea à Hawaï

Visiblement dans le groupe, personne n’a aucune connaissance même infime, des phénomènes volcaniques et des risques encourus.

Moi-même qui aie pourtant lu pas mal de choses, vu beaucoup de documentaires et regardé tous les reportages de Guy de Saint Cyr sur les volcans, je me jette comme les autres dans l’antre de l’enfer.

Il faut dire que je suis venue pour ça. Je viens en plus, de me taper 4h00 de randonnée au péril de ma vie. Ce n’est pas pour renoncer une fois sur place !

Je monte sur la première plaque. Tiens, ça fait un bruit de gâteaux secs écrasés quand on marche dessus ?!

J’avance prudemment, puis avec un peu plus d’assurance. Tout le monde cherche la lave, moi aussi. Et si j’allais voir par là bas, on dirait qu’il y a comme un halot de chaleur. Je fonce dans cette direction. Arrivée sur place, je suis tout à coup enveloppée par une chaleur intense et suffocante. Je ne dois pas rester là, je sens que c’est dangereux.

Me reviennent alors, les images de Guy de Saint-Cyr sur ce même volcan, qui explique tranquillement aux touristes qui le suivent qu’ils doivent être extrêmement prudents et ne pas rester statique au même endroit sous peine de voir fondre les semelles de leurs chaussures. En effet, la lave incandescente coule sous leurs pieds, enfermée seulement par une mince croute de lave à peine refroidie.

Mince croute de lave… Mais mince comment ? Moi, j’ai pris du poids ces derniers temps ! Est-ce que ça va réussir à me supporter ? La panique me prend !

Je commence à courir pour m’échapper de ce lieu mais je suis complètement désorientée. Je n’arrive plus à en sortir. J’ai l’impression que où que j’aille, je me rapproche inéluctablement de la chaleur. Et puis, il ne faut pas que je tombe. Je suis en T-Shirt ! J’ai peur de me bruler. De toute façon, j’ai toujours eu peur du feu, depuis toute petite. Mais qu’est-ce que je fais là ?!

Tout en sautillant d’une jambe sur l’autre pour ne pas faire fondre mes chaussures, je tente de me calmer. J’aperçois alors au loin mes camarades. Je me dirige vers eux avec prudence en faisant bien attention de ne pas mettre le pied dans une faille brulante et surtout ne pas tomber.

Ca y est ! Le pseudo-guide a trouvé la lave ! C’est un des plus beaux spectacles qu’il m’ait été donné de voir. Je ne suis pas très rassurée car je pense toujours à cette mince couche de lave mais c’est tellement fascinant que l’excitation dépasse la peur.

Enfin, mon rêve est accompli !


Nous restons une bonne heure sur place à profiter de ce spectacle exceptionnel.

Hawaï lave du Kilauea

Jusqu’au moment où la retraite est sonnée.

Mon Dieu, il va falloir refaire le même trajet en sens inverse. Et sur ce retour, je n’ai qu’une obsession, le MARECAGE de la Mort !

Et nous y voilà. Ce coup-ci, je ne pars pas la dernière. D’autant qu’il commence à ne plus faire très clair. Je ne voudrais pas me retrouver à nouveau coincée et cette fois dans la nuit ! Mais étonnamment, telle une gazelle altière et bondissante, je survole ce marécage avec grâce et légèreté. Je n’en reviens pas moi-même.

Finalement, ce retour que nous finirons à la lampe frontale, m’a semblé beaucoup moins pénible qu’à l’aller.

4 commentaires:

  1. Récit très impressionnant ! Ca fait rêver, mais en même temps c'est très effrayant ! En tous les cas c'est une expérience qui doit resté gravée à jamais dans la mémoire.

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    1. Effectivement, je n'oublierai jamais ce périple. Avec le temps, je n'en retiens que le meilleur et le côté "comique". Mais je ne suis pas sûre qu'aujourd'hui, je renouvellerai l'expérience.

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  2. Le meilleur comme le pire!!!!

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  3. Woaa, ca donne des frissons ton récit. Ce genre de mésaventure en voyage peut arriver à n'importe. Faut vraiment être prudent!

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